Blog de Laurent Combaud

Histoire de l’art

Il y a toujours une certaine prétention à vouloir écrire une histoire de l’art. Ce livre, édité à seize reprises depuis soixante ans, est une des références en la matière. Je l’ai voulu en format de poche, donc facilement transportable et à proximité de la main sur la table de nuit. Maintenant que j’en suis arrivé au bout depuis noël, je ne me sens guère plus avancé. L’art n’a pas de sens comme si ce qui était fait aujourd’hui résultait d’une forme de continuité dans le temps ; Paul Cézanne serait-il meilleur que Vélasquez ? Je m’en doutais. Les courts chapitres qui ne sont finalement qu’une introduction réflexive sur l’art en général, renvoient à des interrogations dont par bonheur nous n’aurons jamais de réponses. Et c’est mieux ainsi.

Cela suffit à mon contentement, à ma disposition actuelle de revenir définitivement à des choses qui me paraissent essentielles et dont l’absorption à quantité non négligeable va me permettre de tourner la page de cette fin de cycle, et ce définitivement.

 Je me suis toujours convaincu qu’il y aurait des artistes, des hommes et des femmes qui ont reçu ce don merveilleux d’équilibrer des formes et des couleurs jusqu’à ce qu’elles sonnent ‘’juste’’. Histoire de l’art, d’EH Gombrich, édition Phaidon, 1047 pages.

Les plus beaux textes de l'histoire de l'art.

Cette anthologie est construite autour de la rencontre entre un artiste et un écrivain. Il ne s'agit donc pas d'un ''vrai'' livre d'art, les auteurs ne sont pas tous des spécialistes. Mais on aime découvrir Manet sous la plume de Zola ou encore de Mallarmé; Van Gogh sous celle d'Antonin Artaud; Braque sous celle d'Appolinaire; Vermeer sous celle de Proust; et puis Vélasquez et Magritte sous celle de Michel Foucault. Et tant d'autres encore. Un livre de chevet, précieux et secret.

L'homme en perspective

Les peintres italiens du Trecento et du Quatrocento montrent un homme qui prend progressivement possession de son espace et de son corps : l'idée de liberté est figurée dans les images avant d'être pensée (...). Pour plusieurs siècles, la liberté humaine est une notion fondamentale de la société européenne, mais il faudra attendre longtemps avant que ne se formule ce qui était interrogation implicite dès l'origine : que faire dès que l'on est "condamné à la liberté" ?

Daniel Arasse, L'homme en perspective (les primitifs d'italie), édition Hazan.

On n'y voit rien

Dans ce livre de descriptions de tableaux, Daniel Arasse (DA) tente de nous surprendre par la forme aussi bien que par le ton. Le nombre de descriptions est limité à quelques tableaux : Mars et Vénus surpris par Vulcain du Tintoret, l'annonciation  de Cossa, l'Adoration des Rois Mages de Brueghel, la Vénus d'Urbin de Titien, Les Ménines de Vélasquez. La toison de Madeleine est une description sans tableau sans intérêt pour moi. Si DA met en pratique la formule "serio ludere" (jouer sérieusement), j’avoue n’avoir pas été sous le charme. Contrairement à son ‘’Histoire de peinture’’, ce livre tant sur la forme que sur le style m’a déçu. La forme des dialogues comme des provocations nuisent à la démonstration, comme si l’auteur se donnait un rôle faussement sérieux : je le dis mais par provocation donc c’est vrai mais sans trop l’être. Comme si l’auteur voulait se garder une marge de manœuvre pour, au cas ou, se retirer prudemment.  Je souligne cet aspect, contrairement d’ailleurs à toutes les critiques dithyrambiques trouvées sur le net. Je recommande cependant au moins la lecture des textes sur le Tintoret, Cossa, Titien et Brueghel qui, à mon modeste goût, nous en apprend beaucoup sur l’histoire passionnante de la fabrication de ces tableaux. Mais il s’agit bien là d’interprétations et plus particulièrement d’interprétations iconographiques produites à partir de recherches historiques. Par exemple : que fait cet escargot au bas du tableau de l’annonciation de Cossa, pourquoi le dernier des rois mages (Gaspard) devient-il subitement noir dans la peinture de Brueghel (et pas que de lui), pourquoi le tableau de Titien sur Vénus est-il architecturalement incohérent ? Toutes ces questions nous renvoient à l’histoire politique, religieuse, aux mœurs et aux techniques picturales et architecturales des époques concernées. A travers un tableau on peut y lire beaucoup de choses.

Histoires de peintures

L'auteur était chroniqueur à France Culture. Ce livre posthume est écrit en de cours chapitres qui racontent des ''histoires de peintures'' dans une langue simple en utilisant des expressions abordables pour tous ceux et celles qui regardent les peintures mais sans forcément les comprendre. De plus ce livre de poche comporte dans son édition présente des pages intérieures avec les tableaux en couleur décrits par Daniel Arasse. Chacune de ces peintures a une ou plusieurs histoires à raconter. Même si on les a oublié depuis si longtemps. Il faut lire ce livre où j'ai appris que la naissance de la perspective a été également une histoire politique et pas seulement une invention technique. Et puis déambuler dans la galerie des Offices (aux vacances d'été 2007) le livre à la main où l'on voit, in situ, les oeuvres dans leur contexte, est un certain plaisir jubilatoire. Mais pas pour mes enfants qui après deux heures d'attente et mes lectures commentées, n'en peuvent plus. Le tout au milieu d'une foule bigarrée qui passent rapidement. C'est peut-être la limite de l'exercice.

Palettes, l'intégrale

Dix huit DVD contenant trois documentaires de trente minutes chacun allant de la grotte de Lascaux au Pop art. Voila le contenu de ce coffret culturel reprenant des émissions passées sur ARTE. Quoi dire de plus ! On regarde certains avec intérêt, d'autres avec plus de recul et de distance. Et puis il y a des perles; on reste captivé par l'analyse parfois audacieuse mais toujours emprunte d'une grande recherche et d'une non moindre grande culture. On a alors envie subitement d'aller dans le musée et de regarder attentivement, en vrai. C'est la magie de ces documentaires. Au delà du message de l'artiste au spectateur, on a l'impression que se cache dans ces oeuvres, la plupart du temps des tableaux, autre chose; de la vie, de l'histoire ancienne, de la vengeance, du symbolisme, des clins d'oeil, de l'amitié, de la souffrance. Comme quoi il y a tout dans l'art pictural. Il suffit de regarder, d'écouter, de comprendre. C'est un très beau cadeau.

Furioso

Je suis allé voir le dernier spectacle donné par la Framboise frivole à l'espace Malraux de Joué lès Tours. Mêlant astucieusement tous les genres et les styles musicaux la critique était unanime. Peut-être fatigué je n'ai pas réussi à trouver les jeux de mots irrésistibles. Et la participation de la salle, encouragée ordonnée et presque obligatoire par le musicien, particulièrement lourde. De la fatigue vous dis-je. Il y a des jours comme ça.

Le retour d'Edith Piaf

Chacun connaît ou a entendu parler du film d'Olivier Dahan sur Edith Piaf intitulé ''la môme''. Moins connue (encore) est l'artiste qui interprète les chansons d'Edith Piaf. Premier surpris j'ai donc appris que l'actrice principale du film, Marion Cotillard, n'était pas la véritable chanteuse. Tant mieux finalement car cela m'a permis d'écouter hier au soir le spectacle de Jil Aigrot qui est la voix du film. Près de 1000 personnes à l'espace Malraux de Joué lès Tours. Et il suffit de fermer les yeux pour écouter. Et retourner 45 ans en arrière. Une très bonne soirée.

art

Un art qui a de la vie ne reproduit pas le passé; il le continue.

Auguste RODIN

Voyage à strasbourg

Profitant d'un séjour d'une semaine à Strasbourg, j'en profitai pour aller visiter les musées de la ville celui des beaux arts et celui d'art moderne. La présente note ne détaille pas l'ensemble des oeuvres vues mais je m'arrête un instant sur un tableau de William Bouguereau. Intrigué je recherchai sur internet des informations sur ce peintre et voici ce que je trouvai : né à La Rochelle, prix de Rome en 1850, membre de l'Institut en 1876, William Bouguereau (1825-1905) remporta par ses grandes décorations murales, ses tableaux mythologiques ou ses peintures religieuses pleines de sentimentalisme un succès incroyable de son vivant.  Sa pâte lisse, son application dans le détail en font un représentant de ce qu'on appelle l'académisme, c'est-à-dire la reproduction de techniques apprises qui ne dérange en rien les attentes du public. C'est la perfection dans la banalité dira Emile ZOLA. Pourtant un de ses tableaux, intitulé La vierge consolatrice attira mon regard.  Il y avait quelque chose de plus dont je n'ai pu expliquer l'impression qui sourdait d'une tristesse désespérée et qui me mis mal à l'aise; c'est en m'approchant et en lisant la petite note présentant l'oeuvre que je compris. En 1875 William Bouguereau perdit sa femme et son dernier fils. Ce tableau fut peint juste après.