Dans le genre huis clos on avait vu Polanski récemment. C'était drôle et féroce. Dans le Prénom c'est aussi drôle mais moins féroce. Avec un petit quelque chose de dosé. On ne dépasse pas les limites même si l'hôte (le prof de gauche caricatural) frôle parfois l'hystérie. Mais on ne s'ennuie pas. C'est le genre de film qu'on peut aller revoir. Et qu'on reverra à la télévision avec plaisir. Donc à recommander. Reste cependant un seul petit défaut pour moi : on ne peut pas avoir une vision en jouant l'ouverture de Tannhäuser..Mais seuls ceux qui ont vu le film pourront comprendre.
Le livre de Marc Dugain ''la malédiction d'Edgar'' avait été un grand moment de bonheur de lecteur. Un livre habile, un vrai faux testament autobiographique rédigé d'une main de maître. Alors évidemment quand Clint Eastwood, cinéaste talentueux, se penche sur la question de la vie du patron du FBI, il était inévitable que j'aille voir ce film. Brutalité, opiniâtreté, mesquinerie parfois, et sens de la communication sont en exergue. Les méchants le sont et les gentils aussi bêtes qu'inefficaces. Hoover était un sale personnage ayant compris très tôt l'importance du fichage et de la police scientifique. Et politiquement son anti-communisme exacerbé ressort comme ses manipulations des hommes politiques et ses distorsions du droit. Mais le maccarthysme et ses relations avec la mafia ne sont pas abordés. On reste sur sa faim sur ses ressorts psychologiques personnels comme son rapport à sa mère étouffante et son homosexualité officiellement reniée. On ne l'attendait pas là, le patron du FBI. Drôle de film. Mais plus de deux heures sur une histoire d'amour inachevée c'est long.
Quand vos enfants se disputent puis se battent surtout n'essayez même pas de rencontrer les autres parents. N'entrez pas en conversation, n'essayez pas de sympathiser ni d'arranger les choses. Ne demandez pas à vos enfants de se voir, ne donner pas de leçons d'éducation. Ne rentrez pas chez eux, ne prenez pas un café, ni du gâteau, encore moins un verre d'alcool, sinon ce sera le carnage. C'est l'ami Polanski qui vous le dit.
Ae, aie, aie tout sentait le piège dans ce film. Le riche contre le pauvre, le noir contre le blanc, le bien-portant contre l'handicapé, l'honnête contre le malhonnête, le cultivé contre l'abruti, etc. Le pire étant, prévenu par les critiques, que je m'attendais à des plaisanteries faciles, niaises et démagogiques contre l'art contemporain ou l'opéra. Pourtant on rit. Et la scène de l'opéra est hilarante. Que Richard, du haut du Walhalla, me pardonne. Fabienne Pascaud de Télérama se trompe quand elle voit dans les scènes ''démagogiques'' sur la peinture une critique de l'art contemporain qui serait élitiste. C'est pourtant bien une critique. Mais pas de l'art plutôt du marché de l'art où les acheteurs flairent la bonne affaire qui pourra leur rapporter à la revente le double ou le triple de leur investissement. Le marché de l'art est un marché spéculatif ou l'attrait esthétique n'est pas la principale motivation (Monde diplo d'août 2008). Quant à la famille autour de l'handicapé le film aurait pu aussi traiter de la cupidité et de l'attente d'héritage; il le traite par l'ennui du début de la scène de l'anniversaire qui sera renversée par la présence d'Omar Sy omniprésent.
Et ce n'est pas parce que c'était samedi soir ou que la vie n'est pas toujours drôle. On rit tout simplement. Et on sort contents. Faut pas chercher plus loin.
D'habitude on parle d'exercice du pouvoir. Mais il s'agit bien dans ce film du pouvoir d'Etat ou dans l'Etat. Les acteurs y sont excellents. Gilles le Directeur de Cabinet dans son coté solitaire, modeste et têtu apporte une note de sincérité véridique. Ou en tout cas comme on aimerait en voir plus souvent. Le Ministre, Saint-Jean dont on devine l'origine différente de ses collègues, tant du coté de la carrière que des idées, est tout à fait dans le ton. Par contre on ferait, à mon avis, une erreur d'analyse en pensant que ses idées se trouveraient en contradiction avec son ambition. Au contraire si son intime conviction lui fait d'abord primer sa sensibilité (contre la privatisation des gares) très vite l'ambition le porte, en acceptant sans se battre (la scène d'humiliation coite dans le bureau du 1er ministre) de garder la ligne fixée par le Président et parallèlement en cherchant rapidement une ville où se parachuter (Dijon) pour asseoir son emprise dans la majorité. L'accident qu'il aura et qui sera la cause de la mort d'un homme ne fera que renforcer sa nouvelle popularité. Le changement avec hilarité de portefeuille ne fera qu'accélérer ses penchants naturels. Il passera probablement dans le futur sous le vocable journalistique ''d'homme bien''. En fait il n'a rien sacrifié, ni sa vie privé, ni ses idées, ni même son humanité. Il a fait un choix et depuis longtemps. Il l'a juste masqué en se mentant à lui-même.
Pas besoin de longs commentaires pour cet opus que l’on attendait depuis, dit-on, fort longtemps. Ce film n’est pas décevant. Cela va bien au-delà. Derrière la lutte d’un gentil peuple soit disant primitif contre la technocratie et la ploutocratie se cache non seulement les bons sentiments habituels teintés de vague trois D. Mais surtout on voit là la énième rengaine sur la nécessaire adéquation entre l’homme et la nature. Parmi des paysages très réussis se dissimule comme d’habitude l’idéologie passéiste qui fait regretter ce bon vieux temps, celui d’avant, où chacun vivait en harmonie avec son environnement. Le cliché sert aussi à cela : derrière ces belles images stéréotypées se glissent l’idéologie sournoise et anti-intellectuelle qui réinterprète un passé mythique qui n’a jamais existé. Deux heures quarante d’ennuis mais avec quand même trente seconde de plaisir : celui de la publicité du début ou la trois D nous fait croire que l’on peut attraper le bonbon qui vole devant nous. Trente seconde de parfaite réussite !
J'avais acheté ce film il y a un certain temps sans le regarder. Hier l'idée me vint, alors que je ne le fais jamais, d'en visionner les premières scènes. Et puis capté je n'ai pu arrêter. Il y a comme cela des films magiques. Ce n'est ni la nostalgie qui émeut, ni ce retour à un ordre naturel forcément mythique, ni encore un anachronisme désuet qui vous prend sans même que l'on s'en rende compte. C'est autre chose de plus fort. Et cela ne se raconte pas. Un histoire d'amitiés et de respects mutuels. Et une fin tragique, forcément tragique que l'on sentait de toute façon depuis le début. Vraiment un film à voir et à revoir.
Revenant du cinéma après avoir vu ce film, remarquable bien que compliqué, j'avoue être surpris sur le dilemne que pose la fin : faut-il absolument choisir entre la vérité et donc ici le respect de la loi et le bonheur d'un couple ? Doit-on laisser un enfant vivre dans une famille aimante mais qui a choisit l'illégalité de fait (par le meurtre en plus !) ou le laisser légalement auprès d'une mère complètement destructurée voire même dans l'incapacité de lui donner ce à quoi tous les enfants ont droit ? Evidemment ma femme et moi sommes en désaccord : j'accorde la primauté à ce que j'appelle le respect de la parole donnée et a fortiori de la loi. Ma femme préfère la survie prévisible d'un couple et le bonheur matériel et affectif d'un enfant dans un foyer accueillant . La vie s'est aussi faire des choix durs. Ce film a le mérite, dans le style américain, de nous faire poser la question.