Blog de Laurent Combaud

Ai-je le droit de me supprimer ?

A cette interrogation, une des plus importantes, voici une réponse qui me sied parfaitement :
Si j'ai le droit d'une vie libre et responsable, pourquoi me refuserait-on une mort libre et responsable ? Qui pourrait m'empêcher de décider de ma fin, d'en choisir le jour, l'heure et le moyen ?(...) Pourquoi encore vivre si mon devenir s'obscurcit dans un délitement progressif du rapport au monde ? Ma liberté dépasse les lois et les traditions lorsque celles-ci m'empêchent d'atteindre l'ultime état qui me fait homme : ma mort acceptée, raisonnée, prévue. (...) Ma mort est affaire personnelle dans laquelle les médecins comme mes plus proches parents n'ont aucun droit d'ingérence. (...) Nul ne peut voler ma mort, la précipiter, la retarder ou l'empêcher. (...) La mort devient une fin simple et honorable, et non plus un passage pénible mais obligé vers on ne sait quel royaume céleste. Dans la mesure où notre espérance de vie s'allonge et où la bonne vie dure plus longtemps, l'acceptation de notre fin s'inscrit logiquement dans ce fait d'avoir bien vécu sa vie qui intègre un bien mourir à temps et en toute conscience.

Extraits de " démédicaliser la mort" de Guy Vallancien dans la revue Le débat N°182, novembre/décembre 2014

Grèce : ipse mihi asciam in crus impegi

La victoire d'une nouvelle majorité en Grèce est d'abord celle de la Commission européenne "a contrario". Comme le dit la locution latine, je me suis enfoncé une hache dans le pied. C'est l'action de la Commission, et je l'écris sans jugement de valeur, qui vient, bien malgré elle, de provoquer ce changement important et qui aura probablement des conséquences pour le moins incertaines demain.

Après les élections législatives en Grèce une question apparait. Non celle de la victoire supposée de tel ou tel parti et de l'application d'un programme supposé différent. Celle-là c'est la base de toute vie démocratique. Non la question de fond aujourd'hui dépasse une simple victoire. C'est la question du primat du politique sur toute autre considération. Un peuple a-t-il la possibilité après avoir élu une nouvelle majorité de demander un changement de direction qui impliquerait une remise en cause forte voire radicale des engagements et accords négociés et acceptés par des gouvernements précédents ?    Bien sûr qu'après des effets de tribune pendant une campagne des compromis seront trouvés. D'une part parce que personne n'a intérêt à bloquer le nouveau processus et au premier plan l'administration de la Commission européenne et les Etats les plus influents qui sont derrière comme l'Allemagne. Mais également parce que les grecs n'ont nulle envie de voir le robinet financier se couper. Chacun aura intérêt à mettre de l'eau dans son vin. Ce sera donc finalement un effet de curseur qui sera à étudier. A quel niveau doit-il s'arrêter ? Est-il vrai que la volonté d'un seul pourra faire plier le reste de ses partenaires ? Est-il donc possible de faire fléchir la ligne doctrinale des principaux pays européens en matière économique ? Assistera-t-on au retour du primat du politique sur l'économique ? Et si oui que faire maintenant pour tous ceux et celles qui pensent que tout est affaire de volonté ? De beaux moments politiques en perspective.

Le nucléaire hors limite ?

Lu dans le journal Le Monde du samdi 8 septembre 2012 un article de Mr Jean-Jacques Dufour, enseignant à L'université Toulouse 1 et intitulé :  La dangereuse imposture nucléaire. Extraits.

La vérité posée par Three Miles Island, Tchenobyl et Fukushima est que une fois le seuil franchi (panne du circuit de refroidissement, échauffement du réacteur avec non retour), les ingénieurs sont impuissants....Ils ont conçu et fabriqué une machine nucléaire mais ils ignorent quoi faire en cas d'accident grave, c'est à dire ''hors limite''.....Le fait fondamental est là, affolant et incontestable : les radionucléides dépassent les capacités technoscientifiques des meilleurs ingénieurs du monde....Le refus de considérer la possibilité réelle d'un accident hors limite a pour conséquence la négligence pratique et l'indisponibilité de fait des moyens techniques appropriés...

Et la suite chacun la connait.

 

Pour un droit de vote non obligatoire mais incitatif.

Certes le droit de vote n'est pas obligatoire et le gouvernement qui prendrait l'initiative de le faire serait peut-être sanctionné pas les électeurs s'il le faisait. Mais il existe un moyen qui sans le rendre obligatoire le rendrait quand même presque indispensable. Le principe serait le suivant. Pour que cette obligation de  voter soit prise en considération avec des pénalités substantielles en cas contraire, il suffirait qu'une attestation de vote soit délivrée pour certaines formalités administratives. Ainsi un citoyen qui, par exemple, souhaite inscrire ses enfants dans une cantine scolaire pourrait bénéficier du quotient familial avec cette attestation. Sinon ce citoyen paiera plein tarif. Et il pourrait en aller de même pour beaucoup de services, piscine, spectacles culturels, demandes diverses (logement), etc... Incitatif non ? 

Que faire : deux interrogations pour une nouvelle Présidence ?

Et maintenant il faut y aller. Il y a des propositions à transformer en actions. Et tout de suite car le temps presse. Et puis d’une façon récurrente il y a des thématiques qui peuvent sous tendre ces actions. Je m’attache à en décliner deux qui sont des fils d’Ariane.

 

Le premier a trait à la création. Pas uniquement celle qui apportera richesse mais toute création : artistique, industrielle, scientifique. Qu’est-ce qui permet la création ? Qu’elles sont les facteurs qui permettent à un individu de créer quelque chose puis ensuite de diffuser sa création ? Pourquoi un Steeve Jobs n’est pas né en Afrique ? Il y a des pays très fortement créateurs. De là surgissent les biens matériels qu’ils soient objets de consommation ou pas ; qu’ils apportent une amélioration ou pas des conditions de vie. Qu’ils apportent de la simple satisfaction ou qu’ils soient terriblement nécessaires pour la vie. La tradition à Gauche c’est d’être assez orientée vers la redistribution et le partage. Mais avant ? Comment devenir un pays particulièrement innovant ? Comment faire émerger un Descartes, un Van Gohg, un André Citroën, un Pasteur ? De l’éducation à la production, c’est toute la chaine de la création à la diffusion qu’il faudrait analyser. Eduquer, Chercher, créer, produire, diffuser tout se tient.

 

Le second a trait à Vivre de son travail. Le constat est fait depuis longtemps que beaucoup de salariés même avec un travail rémunéré ne vivent pas mais survivent. Permettre à chacun non seulement d’avoir un minimum vital mais surtout de pouvoir vivre normalement avec son salaire : se loger, se nourrir, élever ses enfants, partir en vacances, est un axe fort. Quel que soit son lieu de vie il faudrait s’attacher à décliner les conditions minimales pour que l’ensemble du salariat voit ses conditions de vie être à la hauteur des besoins exprimés. Une société qui s’enorgueillit d’aller vers une République sociale ne peut continuer à expliquer que la règle de survie au minimum est le continuum de sa politique sociale. D’ailleurs à titre d’exemples, la politique du logement sera un des critères déterminants car à lui seul ce poste budgétaire familial est en augmentation chaque année. Mais on pourrait aussi mettre sur la table l’accès et les remboursements des soins (yeux, dents, etc). Pour ne prendre que deux exemples emblématiques. Dans cinq ans, on regardera et on se demandera : est-ce que je vis mieux ?

Refaire société

La crise financière, la montée de la précarité et de la pauvreté, l’accroissement des inégalités mettent en péril la cohésion de notre société. Le délitement du lien social est aussi aggravé par le repli sur soi et la profonde méfiance des citoyens à l’égard des institutions. Il ne s’agit pas seulement de faire le constat de cette crise, mais de comprendre comment on peut faire - ou refaire - société. De nombreuses pistes s’offrent à nous : accroître la protection et l’autonomie de l’individu, faire de l’entreprise un projet de création collectif, renforcer l’égalité des positions sociales, enrichir la vie démocratique. Ce livre rassemble les analyses et les propositions d’un « intellectuel collectif » pour sortir de la crise multiforme que nous traversons.

Pierre Rosanvallon, La république des idées

La lucidité cinquième vertu cardinale ?

J’ai toujours trouvé que les quatre vertus cardinales des chrétiens pouvaient être un fil conducteur de l’action de chacun : la tempérance qui est le fait de s’exprimer avec modération parce qu’elle fait appel à l’intelligence plus qu’à la passion ; la prudence, pris dans son sens antique, parce qu’elle signifie qu’il faut choisir le bon moment pour agir; le courage parce qu’il faut dire ou faire ce qui doit l’être ; et enfin la justice parce que s’en elle il n’y a pas finalement d’humanité et qu’elle est la base de la concorde universelle. Enfin j’y rajoute la lucidité qui m’apparait comme une sorte de cinquième vertu cardinale que je mets à part car elle seule permet en même temps de comprendre en relativisant son savoir et donc de prendre une distance avec la doxa et en même temps elle isole car la conviction profonde et personnelle n’entraîne pas forcément d’adhésion vers ses idées que l’on croit, à tort ou à raison, les meilleurs pour le bien commun de l’humanité. L’intime conviction ne fait pas adhésion.

Le défi chinois

La façon dont les chinois s'y sont pris ne recèle pas de grands mystères : un Etat qui s'est assuré stabilité et longévité est en mesure d'adopter une visée stratégique à long terme; un gouvernement qui n'a pas besoin de gagner les faveurs des électeurs ou de groupes d'intérêt particuliers a les coudées franches pour les objectifs qu'il s'est fixés, en l'occurrence le développement économique du pays; un pouvoir politique capable d'agir sans se soucier des droits civils ou de propriété individuels est à même de planifier et décider en fonction de ses seuls objectifs.

Bryan GOULD (revue Le débat, décembre 2011)

Dette, peut-on revenir à la situation juridique avant 1973 ?

Voici une vidéo intéressante sur les liens entre création monétaire et dette. On peut y entendre, pour une fois, que l'origine de la dette et surtout ses intérêts ne seraient pas liée au déficit public mais surtout depuis 1973 à l’obligation qu’ont les acteurs économiques (notamment les états) d’emprunter auprès des banques qui évidemment se font rétribuées pour cela. Comme c’est la banque centrale qui prête aux banques qui à leurs tours prêtent aux états, la vidéo suggère qu’emprunter directement auprès des banques centrales permettraient d’avoir un taux d’intérêt quasiment nul. Mais il faut juste supprimer l’article 123 du traité de Lisbonne… A quelle occasion déjà on pourrait en discuter et le proposer ?

Vers une accélération laïque de l’espace républicain

 Voici trois pistes, non exclusives, à la veille de la découverte avide des programmes électoraux des différents candidats à l’élection présidentielle. J’aurai une lecture attentive de ce qu’ils proposeront en la matière. Je pense, mais j’espère me tromper, que pour la plupart je n’aurai pas beaucoup d’efforts à faire. Ce n’est pas un enjeu dans l’ambiance actuelle. Et nous ne sommes plus à l’époque où on pouvait lire de vrais programmes charpentés et ambitieux. Mais j’espère me tromper. A suivre donc.

Je fais la proposition que chaque enfant de France devrait pouvoir accéder à une école publique de la maternelle à l’université. Or aujourd’hui des milliers d’enfants sont obligés d’aller à l’école privée de proximité faute d’école publique. Un programme de construction devra être engagé le plus tôt possible. Son coût sera important sans nul doute.

Je pense qu’il est temps de rompre avec le concordat d’Alsace-Lorraine. Il est curieux que dans une République laïque nous conservions ce paradoxe que dans certains départements de l’Est nous devions payer par nos impôts les salaires des gens du culte. Donc pour revenir à une certaine normalité je propose de procéder en deux temps : décentralisation des charges y afférentes pour que seuls les départements concernés aujourd’hui remplissent cette obligation puis extinction progressive par le non remplacement de ceux qui partent en retraite. Le problème serait régler financièrement pour la nation puis devrait disparaitre au fil du temps.

Il y a un certain ridicule à reconnaître le Vatican comme un état indépendant membre de la communauté internationale. Mais c’est un héritage de l’histoire. Afin de ne pas heurter nos belles et combien bonnes sensibilités vaticanesques il faut reconnaître le Vatican comme représentation institutionnelle d’une religion. Mais à la fin du mandat de notre ambassadeur, on pourrait ne pas nommer un nouvel ambassadeur. Personne ne nous y oblige. Comme le point précédent il y aurait extinction progressive.