Dans ce livre court, Luc ferry et Lucien Jerphagnon s’interrogent sur la victoire du christianisme qui de secte passera au statut de religion d’Etat voire de l’empire et bien au-delà. La thèse parait simple : la promesse de salut chrétien est supérieure à celle du salut philosophique car elle agit plus sur les sentiments que sur la raison et que son discours est accessible à tous.
Luc Ferry et lucien Jerphagnon, la tentation du christianisme, poche 120 pages
Voici trois pistes, non exclusives, à la veille de la découverte avide des programmes électoraux des différents candidats à l’élection présidentielle. J’aurai une lecture attentive de ce qu’ils proposeront en la matière. Je pense, mais j’espère me tromper, que pour la plupart je n’aurai pas beaucoup d’efforts à faire. Ce n’est pas un enjeu dans l’ambiance actuelle. Et nous ne sommes plus à l’époque où on pouvait lire de vrais programmes charpentés et ambitieux. Mais j’espère me tromper. A suivre donc.
Je fais la proposition que chaque enfant de France devrait pouvoir accéder à une école publique de la maternelle à l’université. Or aujourd’hui des milliers d’enfants sont obligés d’aller à l’école privée de proximité faute d’école publique. Un programme de construction devra être engagé le plus tôt possible. Son coût sera important sans nul doute.
Je pense qu’il est temps de rompre avec le concordat d’Alsace-Lorraine. Il est curieux que dans une République laïque nous conservions ce paradoxe que dans certains départements de l’Est nous devions payer par nos impôts les salaires des gens du culte. Donc pour revenir à une certaine normalité je propose de procéder en deux temps : décentralisation des charges y afférentes pour que seuls les départements concernés aujourd’hui remplissent cette obligation puis extinction progressive par le non remplacement de ceux qui partent en retraite. Le problème serait régler financièrement pour la nation puis devrait disparaitre au fil du temps.
Il y a un certain ridicule à reconnaître le Vatican comme un état indépendant membre de la communauté internationale. Mais c’est un héritage de l’histoire. Afin de ne pas heurter nos belles et combien bonnes sensibilités vaticanesques il faut reconnaître le Vatican comme représentation institutionnelle d’une religion. Mais à la fin du mandat de notre ambassadeur, on pourrait ne pas nommer un nouvel ambassadeur. Personne ne nous y oblige. Comme le point précédent il y aurait extinction progressive.
Dans ma note du 15 décembre dernier je faisais allusion au livre de Jacques de Voragine (écrit vers 1255) appelé la Légende Dorée. Celui-ci, très célèbre notamment au 14ème siècle servit de livre journalier à qui voulait lire ou se faire lire la vie du Saint du jour. Voici donc la partie dans laquelle est racontée la Décollation de Saint Jean-Baptiste et l’anecdote du pouce : Dans une ville des Gaules nommée Saint-Jean de Maurienne, se trouvait une dame remplie de dévotion envers saint Jean-Baptiste elle priait Dieu avec les plus grandes instances pour obtenir quelqu'une des reliques de saint Jean. Mais comme elle voyait que ses prières n'étaient pas exaucées, elle prit la confiance de s'engager avec serment à ne point manger, jusqu'à ce qu'elle eût reçu ce qu'elle demandait. Après avoir jeûné pendant quelques jours, elle vit sur l’autel un pouce d'une admirable blancheur, et elle recueillit avec joie ce don de Dieu. Trois évêques étant accourus à l’église, chacun d'eux voulait avoir une parcelle de ce pouce, quand ils furent saisis de voir couler trois gouttes de sang sur le linge où était placée la relique, et ils s'estimèrent heureux d'en avoir obtenu chacun une. Mais d’autres légendes sont racontées sur le doigt de Saint Jean-Baptiste et il est difficile de suivre la logique car il y a, dans le livre de Jacques de Voragine, au moins deux histoires liées à la mort du Saint. Dans chacune d’elle on parle de la main ou d’un des doigts du Saint (celui qui a montré Dieu donc l’index ; le pouce de Saint Jean de Maurienne). En continuant à chercher on trouve un petit texte sur le site de l’université de Liège qui parle du pouce et de sa signification symbolique dans la Rome antique, notamment le pouce levé ou baissé, qui indiquait la mise à mort ou non des gladiateurs. Il semble que tout cela fut inventé et le célèbre tableau de Jean-Léon Gérôme ‘’Pollice verso’’, ici reproduit, de 1872 serait historiquement faux. Voici ce qu’on lit sur le site de l’université de Liège : le pouce est pour les Romains le doigt principal, le plus important, le doigt par excellence, au point que pollex (le pouce en latin) finit par pouvoir désigner métonymiquement (d’une façon équivalente) n'importe quel doigt, ou même, par synecdoque (compréhension simultanée), la main. Comme il est difficile de montrer quelqu’un avec le pouce l’auteur en conclut que : Le doigt que la foule (…) tend vers celui qu'elle veut voir mettre à mort, ce n'est évidemment pas le pouce, c'est l'index, le doigt qui sert par excellence à montrer, le mieux visible de loin. Le geste est d'ailleurs nettement plus facile à faire et plus naturel... J’en arrive donc à mon hypothèse. Comme Saint Jean-Baptiste vivait du temps de la Rome antique, il est possible disons, qu’avec le temps et les traditions orales les doigts (index, pouce) se soient mélangés et que les différentes parties du chapitre sur la ‘’Décollation’’ aient eut une racine commune (la tradition orale véhiculant plusieurs variantes) car dans la première partie (trop longue à raconter ici), une fois le Saint mort, les miracles continuent au dessus de sa tombe, et il est donc re-tué par l’incinération de son cadavre (double martyrisation donc) et devinez ? Seul l’index ne put être brûlé… Au fil du temps, il n’y eut pas confusion des doigts mais séparation. Une première légende parlant d’un doigt mais il s’agirait de l’index ; une seconde partie parlant seulement du pouce. Jacques de Voragine ayant ensuite rassemblé les deux versions pour les recoller l’une à la suite de l’autre séparément. Or en fait, il devait s’agir à l’origine de la même histoire. Seul le temps sépara ce qui n’était qu’une seule et même histoire. Pour en revenir à Pietro Lorenzetti et sa fresque, il s’agit bien d’une référence à Saint Jean-Baptiste à partir effectivement de la lecture du livre de Jacques de Voragine. Mais comme le dit Daniel Arasse dans son livre, personne ne compris le geste pictural du peintre si bien qu’aucun peintre à l’avenir ne repris le pouce dans une annonciation. Il ne me restera donc qu’à regarder de plus près cette histoire de doigt à Rome à travers le livre de Onians : les origines de la pensée européenne. A suivre donc une nouvelle fois…
Il m'a fallu un certain temps dans la Basilique inférieure d'Assise pour retrouver la fresque de Pietro Lorenzetti. D'abord il y avait une foule incroyable, des pèlerins venus d'Amérique du sud et qui suivaient une messe en espagnol, des hindous et des centaines de touristes qui se pressaient pour descendre voir et tourner autour du tombeau de Saint-François. Dans un silence respectueux beaucoup avait apporté une photo qu'ils laissaient entre les grilles de la tombe. Avec la chaleur et les centaines de fresques et de peintures je dus ressortir pour respirer avant de replonger une dernière fois. Heureusement que Karine et les amis sont plus attentifs que moi. Trouvée au fond de la basilique dans une chapelle latérale, la fresque est pourtant là. On y voit bien la vierge tenant dans ses bras l'enfant entourée de Saint-François et de Saint Jean-Baptiste. Daniel Arasse, et c'est la surprise, s'est donc trompé. C'est la Vierge qui montre son pouce et non Saint Jean-Baptiste comme je l'avais lu dans son livre cité dans une note précédente. Evidemment, cherchant un homme montrant le pouce, et ce trop rapidement, j'étais passé à côté de l'essentiel. Daniel Arasse indique cependant que le pouce est une référence explicite à Saint Jean-Baptiste. Feuilletant les livres dans la librairie, je n'en trouvai aucune trace. Seul un livre sur la basilique (de Gianfranco Malafarina page 138) parle de cette fresque en indiquant que la Vierge a un regard ''silencieux'' avec l'enfant et que tout est dit dans cette attitude noble, digne et attendrie. Pour Daniel Arasse Saint-François demanderait charité pour les donateurs à la vierge à l'enfant (Histoire de peintures page 109).On peut lui accorder même si c'est l'inverse. Mais alors si le pouce fait référence et qu'il est un attribut de Saint Jean-Baptiste placé à droite sur la fresque on peut s'interroger sur son sens exact. Là encore Daniel Arasse (livre : Le détail page 308) nous renvoie au livre de Jacques de Voragine, La légende dorée (écrit vers 1255) pour trouver une explication. L'ayant dans ma bibliothèque depuis des années nous y reviendrons donc...
C’est en lisant ‘’Histoires de peinture’’ de Daniel Arasse, puis son livre ‘’Le détail en peinture’’ et enfin son autre livre sur ‘’L’annonciation italienne’’ que le lecteur est invité à se pencher pour regarder l’archange Gabriel montrant son pouce comme s’il faisait du stop. Ce détail en fait n’en est pas qu’un. Au-delà de la fonction symbolique de l’annonciation sur laquelle je reviendrai ultérieurement, la vision de ce pouce intrigue car il n’a jamais été peint par la suite de cette façon. C’est la première et la dernière fois qu’un peintre, dans une annonciation, utilise ce procédé. L’archange Gabriel a une fonction d’intercesseur. Le pouce a une signification apparemment simple : c’est un geste de charité (la caritas chrétienne) de Dieu vers Marie pour lui demander de porter l’enfant Jésus et c’est un geste de charité de Marie vers Dieu acceptant par ‘’charité’’ cette demande.
Il fallait donc aller sur place pour regarder cette œuvre. Je la vis dans des conditions exceptionnelles à la pinacothèque de Sienne à plusieurs reprise. Cette année dans une ville survoltée par la préparation du Palio, cette course de chevaux dans les rues de la ville, en plein mois d’août ce musée était désert. Seul visiteur avec mes enfants je crus un instant auparavant qu’il était fermé tellement les rues fiévreuses et la place del campo en forme de coquillage bondée de promeneurs indiquaient que toute la vie de la cité était concentrée pour la course. Heureusement cette année encore je pus quelques instants dans une salle vide contempler ce chef d’œuvre qui recèle d’autres ‘’détails’’ passionnants. Comme Daniel Arasse expliquait que l’idée du pouce avait été empruntée à son frère Lorenzo à Assise, je suis donc parti dans cette ville pour y faire là-aussi une découverte surprenante…