Plusieurs semaines après que le Président de la République ait prononcé un discours mémorable à Saint Jean de Latran, il me tardait d'en dire quelques mots. Il est facilement téléchargeable sur le site de l'Elysée.
En premier lieu chaque personne qui s'intéresse un tant soit peu à la vie publique se doit de le lire, si possible à tête reposée. Car chaque mot compte. Il n'est pas de la même veine que les autres discours du Président. C'est véritablement un discours de rupture. Je le qualifierai même du discours qui peut aujourd'hui caractériser le mieux la rupture prônée par le Président. Il va non seulement au delà de ce qu'auraient pu dire ses prédécesseurs mais il se situe même exactement à leur opposé, si l'on doit considérer la longue tradition des relations entre la France et le Vatican et surtout entre la République et les différentes religions qui y prospèrent depuis au moins la naissance de la loi de 1905.
En second lieu ce discours qui sera ensuite décalqué à différentes reprises (voeux ou bien à Riyad) et qui préparent une modification annoncée de la loi de 1905 sur la séparation de l'église et de l'Etat, est un discours fondateur du renouveau du cléricalisme à la Française. En magnifiant et en glorifiant exclusivement le rôle considéré comme fondamental des religions dans l'enracinement des individus, dans leur motivation profonde et dans leur agissement quotidien voire même publique, le Président devient le pivot et le chef de file du retour du religieux comme norme dans la vie publique. Et il va même au-delà en prônant une laïcité positive qui étymologiquement est un contresens absolu mais prononcé par le premier des Français devient un slogan diabolique. Car la laïcité à la Française est d'abord et avant tout, dans le sens courant, positive. Elle a, à travers cette loi modérée et de compromis de 1905, réussit à repousser les affaires religieuses dans la sphère privée en rendant l'obligation pour les pouvoirs publics d'être neutre. En voulant une laïcité positive, le Président pense donc qu'elle ne l'est pas. Tout simplement.
En troisième lieu ce qui transparaît à travers ce prosélytisme ce sont les conséquences directes qui vont suivre. Et plus particulièrement le financement publique des activités des différentes institutions religieuses. Y compris bien sûr et en premier lieu la construction des lieux de culte.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.