Voici, comme à mon habitude maintenant un résumé du livre de Laurent Davezies établi sous la forme de phrases clés que j’ai replacées et redistribuées dans ce petit texte pour cerner la thèse de l’auteur.
Il n'y a pas une seule région française, île de France comprise, dans laquelle la somme des salaires privés soit supérieure à la somme des salaires publics et des prestations sociales. Les activités privées qui font l’objet d’une concurrence entre les territoires, représentent un peu plus du tiers de l’emploi national et de l’ordre du quart des revenus basiques des zones d’emploi française. La région île de France produit aujourd'hui 29% du PIB et ne touche que 22% du revenu des ménages. Une étude récente montre qu'un salarié en ile de France gagne 10% de plus qu'ailleurs mais a un pouvoir d'achat inférieur de 5% avec un salarié travaillant en province. Le développement des systèmes productifs régionaux, dans les régions les plus dynamiques, se traduit automatiquement, par le truchement de mécanismes purement nationaux, en développement social puis économique dans les régions moins productives.
Une analyse statistique simple des finances publiques locales actuellement en France montre, à l’inverse de ce que l’on dit souvent, qu’en dépit de fortes différences de bases fiscales, on dépense à peu près le même montant d’argent public local par habitant, en moyenne, dans les départements français. Les différences de taux d’imposition compensent les différences de bases fiscales et les subventions massives du gouvernement parachèvent le rééquilibrage.
Plutôt que l'enjeu de la compétitivité c'est celui de l'attractivité qui apparaît majeur pour la santé des territoires. L’idée que l’acteur local est impuissant face à la mondialisation qui se joue des territoires peut être discutée. Les revenus des retraités, des agents publics, des prestations sociales, des touristes ou des actifs travaillant ailleurs n'ont aucun lien direct avec l'efficacité productive des territoires.
La présence et la consommation sont des facteurs majeurs du rééquilibrage économique et social entre les territoires. Par exemple en 2004 les revenus des retraités représentaient 23,5% des ménages déclarés à l’impôt. Entre 1982 et 1999 le nombre d’actifs occupés en France a augmenté de 1,5 millions d’éléments quand le nombre de retraités (avant même le papy-boom) augmentait de 3,2 millions. Le revenu des retraités constituera donc l’un des principaux éléments de la croissance du revenu local.
Autre exemple : les pratiques touristiques constituent un vecteur important de redistribution et de solidarité entre les régions françaises. Touristes et résidents secondaires ont ainsi dépensé plus de 90 milliards d’euros en 2005. 1,3 milliards de nuitées touristiques sont l’équivalent de 3,6 millions d’hommes années qui circulent sur les territoires en y dépensant en moyenne 80 euros par jour.
Les régions wagons vont désormais plus vite que les régions locomotives, alors que le développement des premières dépend largement de la croissance assurée par les secondes. C’est ce basculement de la création vers la captation de revenu, de la compétitivité vers l’attractivité, que les économistes régionaux semblent encore ignorer. L’élu en charge de l’économie s’occupe pour l’essentiel des zones d’activités et ignore que le gros des enjeux de l’économie réelle est ailleurs.
Il apparaît que, dans de nombreux territoires, c’est l’attractivité résidentielle qui constitue le meilleur moteur du développement économique et social.
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