Le parti socialiste vient, lui aussi, de présenter un plan de réponses à la crise que nous traversons aujourd’hui. C’était la moindre des choses pour la plus grande force de l’opposition qui prétend, à juste titre, à la conquête et à l’exercice du pouvoir. Il en allait de sa crédibilité. L’exercice est-il réussi ? Assurément oui si on regarde la période précédente. Le plan proposé aujourd’hui apporte des réponses construites et modérées. La première vertu de ce plan repose donc sur sa crédibilité. Globalement l’injection de 50 milliards d’euros, dans la situation actuelle, ne peut qu’avoir un effet contra-cyclique sur l’économie. La hausse des salaires (chèque de 500€ et hausse du SMIC) et la baisse de la TVA sont des mesures directes en faveur du pouvoir d’achat malmené depuis trop longtemps. La relance de la création d’emplois aidés (100 000), le gel du ‘’dégraissage’’ de la fonction publique comme l’encadrement des licenciements boursiers sont des mesures de rétablissement et de protection indispensables. Et la suppression du paquet fiscal est une mesure non seulement de justice sociale mais également d’efficacité économique car chacun sait que les diminutions d'impôt pour les plus riches ne servent pas à la relance de la consommation. Cependant ce plan possède au moins trois problèmes que j'aborde dans un ordre croissant.
Tout d’abord il souhaite répondre à la crise du pouvoir d’achat. Très bien. Mais cela atteindra-t-il sa cible ? Rien n’est moins sûr. L’économiste Patrick Artus dans un livre récent (Comment nous avons ruiné nos enfants) posait le problème de la relance par la consommation : actuellement les 2/3 de pouvoir d’achat supplémentaire d'une relance généralisée se porte inéluctablement sur des produits venant de pays émergents dont principalement la Chine. Il y a donc un risque probable d’accentuation de notre déficit extérieur. Si on veut préserver voire augmenter le pouvoir d’achat, on pouvait également le faire par l’augmentation de services à la population par le biais du service public voire de l’immobilier. C'est-à-dire que la même somme consacrée à la création de crèche, à la baisse des tarifs de la cantine comme à la construction de logements sociaux à loyer vraiment modérés, permet un vivre mieux sans aggraver la balance commerciale. En parallèle il faut d’urgence muscler le système productif français, c'est-à-dire l’offre, par la mise en place d’une vraie politique industrielle notamment vers les secteurs innovants mais pas seulement.
Ensuite la réponse écologique à la crise est totalement absente. Il y a même aucune ligne pour justement intensifier le redéploiement de l’économie non seulement en prenant en compte cet impératif de survie mais mieux, en profitant de cette crise pour re-structurer notre appareil productif avec une très forte volonté incitative des pouvoirs publics.
Enfin, et ce sera ma principale critique, on reste rivé à la sauvegarde d’un système dont à l'origine il était convenu que la mission première des socialistes étaient d'oeuvrer pour sa disparition. A tout le moins les recherches et les tentatives devaient s'orienter vers des changements profonds de politique économique. Dans une note récente publiée par la fondation Jaurès, le président socialiste de la commission des finances à l'assemblée expliquait qu'une des solutions à la crise était de privilégier la stabilité de l'actionnariat. On peut lui répondre qu'un vrai socialiste devrait proposer la suppression des actionnaires par au moins la nationalisation. Ce serait la vraie stabilité si elle était accompagnée d'une véritable politique économique. Las, on assiste aux mêmes tentatives que précédemment. Il ne s'agit nullement de proposer des mesures démagogiques mais de tirer les véritables enseignements de la crise d'aujourd'hui : crise de foie ou bien maladie plus endémique ? On ne rassure pas un malade en lui donnant uniquement de l'aspirine. En privilégiant une réponse un peu plus importante que le gouvernement actuel, le PS démontre que sa réponse est dans le droit fil de la préservation du modèle économique dominant. Il a fait l'analyse que la réponse à cette crise est une question uniquement de modération. Pour répondre à une crise de foie, il faut se mettre un peu au régime : un petit peu de régulation, une pointe de consommation, un doigt de moralité. On a l'impression que, faute d'un véritable travail interne, c'est un peu un choix par défaut. Cela suffira-t-il pour apporter des réponses de fond non seulement à la crise mais bien au delà à l'essence même du PS ? Comme si le véritable enjeu était de faire accroire à la crédibilité de la nouvelle équipe qui dirige la rue de Solférino. Et bien, pas sur que le pari soit réussi.
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