C’est en lisant ‘’Histoires de peinture’’ de Daniel Arasse, puis son livre ‘’Le détail en peinture’’ et enfin son autre livre sur ‘’L’annonciation italienne’’ que le lecteur est invité à se pencher pour regarder l’archange Gabriel montrant son pouce comme s’il faisait du stop. Ce détail en fait n’en est pas qu’un. Au-delà de la fonction symbolique de l’annonciation sur laquelle je reviendrai ultérieurement, la vision de ce pouce intrigue car il n’a jamais été peint par la suite de cette façon. C’est la première et la dernière fois qu’un peintre, dans une annonciation, utilise ce procédé. L’archange Gabriel a une fonction d’intercesseur. Le pouce a une signification apparemment simple : c’est un geste de charité (la caritas chrétienne) de Dieu vers Marie pour lui demander de porter l’enfant Jésus et c’est un geste de charité de Marie vers Dieu acceptant par ‘’charité’’ cette demande.
Il fallait donc aller sur place pour regarder cette œuvre. Je la vis dans des conditions exceptionnelles à la pinacothèque de Sienne à plusieurs reprise. Cette année dans une ville survoltée par la préparation du Palio, cette course de chevaux dans les rues de la ville, en plein mois d’août ce musée était désert. Seul visiteur avec mes enfants je crus un instant auparavant qu’il était fermé tellement les rues fiévreuses et la place del campo en forme de coquillage bondée de promeneurs indiquaient que toute la vie de la cité était concentrée pour la course. Heureusement cette année encore je pus quelques instants dans une salle vide contempler ce chef d’œuvre qui recèle d’autres ‘’détails’’ passionnants. Comme Daniel Arasse expliquait que l’idée du pouce avait été empruntée à son frère Lorenzo à Assise, je suis donc parti dans cette ville pour y faire là-aussi une découverte surprenante…
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