Blog de Laurent Combaud

Giscard, Mélenchon, Lienemann et quelques autres...

Le moindre que l'on puisse dire c'est que la récente nomination de Herman Van Rompuy fait l'unanimité des commentateurs politiques les plus en vue. Il suffit de lire leurs blogs ou le journal Le Monde pour s'apercevoir que leurs critiques vont toutes dans le même sens. Ce n'est pas tant que le 1er ministre Belge serait un libéral certes social, mais tout de même très conservateur qui les gène. Non, il s'agit tout simplement et également de sa personnalité. Pour l'Europe il nous aurait fallu un grand nom, un personnage charismatique qui emporte résolument les instances européennes vers d'autres cieux. Un Georges Washington comme le dit Giscard. Comme si cela changeait le problème. Je ne connais pas Herman Van Rompuy. Je ne lui fait pas confiance comme je n'aurai pas fait confiance à Michel Rocard ou bien VGE. Je n'ai pas certes pas confiance dans ses idées politiques et les structures communautaires risquent de l'étouffer comme les autres. Mais on ne peut juger un homme avant même qu'il est fait quoi que ce soit. DSK sera jugé sur son action au FMI, sa capacité à modifier profondément son fonctionnement. Il faut comme toujours du temps, de la méthode, une certaine vision de l'avenir reposant sur une analyse de la situation existante et toujours, toujours la ferme volonté de transformer le monde. Un principe de réalité à égal distance de l'éthique de conviction et de celle de responsabilité.

En la matière le passé n'est pas toujours garant de l'avenir. Nous verrons bien.

Afrique du sud 2010

La France a réussit en même temps l'exploit de se qualifier et de se disqualifier.

Dexter

Il y a des noms qui vous évoquent toujours quelque chose. C'est dans un magasin de bricolage que la marque Dexter (grande marque d'outils) m'a fait penser à quelqu'un. Bien sûr il y a le Dexter de l'excellente série télévisée éponyme. D'ailleurs j'attends avec impatience la nouvelle saison. Ce policier sympathique et tueur en série la nuit ressemble-t-il à son alter égo antique ? Les scénaristes ont-ils utilisé ce nom disparu en référence à Rome ? Je n'en sais rien mais qui aujourd'hui se souvient que Dexter est l'exécuteur de Lépidus (Marcus Aemilius) sur les ordres de Caligula en 39 ?

Vitres cassées comme signes de la crise

Entre hier au soir et aujourd’hui, en roulant dans mon département en voiture, j’ai croisé au moins trois voitures dont une des vitres était cassée et réparée par des morceaux de plastique scotchés sur les bords. Peut-être était-ce le hasard ? Mais je n’en suis pas si sûr. Cela faisait longtemps que je n’avais vu cela. En tout cas en France. Ne pas réparer sa vitre, qui de toute façon ne sera pas remboursée du fait de la franchise, peut-être un indice de pauvreté. Je l’avais fait il y a bien longtemps quand j’avais juste acheté ma première voiture et que je n’avais pas d’argent pour en réparer une vitre malencontreusement cassée par inadvertance. Trois vitres en 24 heures, c’est un signal.

La baisse de la TVA est-elle utile ?

Il semble que la commission européenne et le conseil aient enfin accepté d'autoriser une baisse de la TVA dans la restauration. Cette demande ancienne n'avait jusqu'alors jamais pu aboutir. La profession avait annoncé que cette baisse susciterait la création d'environ 40 à 50 000 emplois supplémentaires. Faisons donc un calcul simple. Le manque à gagner pour l'Etat si la TVA passait à 5,5% serait de 3,25 milliards d'euros (Le Monde du 12 mars 2009). Comme un emploi aujourd'hui coûte environ 25 000 euros par an, la création nette d'emplois, et à condition que cette baisse soit intégralement réservée à de nouvelles embauches, pourrait être donc de 130 000 emplois. Au moment même où le chômage remonte faut-il que l'Etat, pour satisfaire une corporation particulière, sacrifie la création de près de 100 000 emplois ? Je ne le crois pas.

Anthropocène

Nouvelle ère géologique, marquée par l'émergence de l'activité humaine comme élément déterminant de l'évolution du système terrestre.

LE SPECTACLE DE L'IMPUNITÉ

Eva Joly, ancienne magistrate, a publié dans le journal le Monde daté du 15 janvier une tribune sous la forme d'une lettre ouverte au Président de la République. Cette lettre porte sur la proposition récente de supprimer les juges d'instruction. Je fais mienne l'argumentation d'Eva Joly qui de tout ce que j'ai lu jusqu'ici, est celle qui m'a le plus convaincu. Je la reproduis ici in extenso.

Monsieur le Président,

Supprimer le juge d'instruction ne constitue pas une simple réforme de notre système pénal, mais porte atteinte au plus haut de nos principes, celui de la séparation des pouvoirs et de l'indépendance de la justice à l'égard du pouvoir politique. Votre discours ne mentionne aucune garantie d'indépendance pour les enquêtes. Ce silence, dans un domaine qui constitutionnellement vous échoie, porte la marque du stratagème politique.

Mais le verbe haut et toute la rhétorique du monde ne suffiront pas pour convaincre les Français qu'un parquet soumis aux instructions du ministre constitue une meilleure garantie pour le justiciable qu'un juge indépendant. Vous affirmez que notre pays est marqué par une tradition de "rivalité" entre le politique et le judiciaire. La rivalité n'est pas du côté des juges, elle est le fruit de la peur des politiques.

Vous pensez que la légitimité politique prime sur tous les pouvoirs. Or c'est précisément pour contenir le désir de toute-puissance qui s'empare naturellement des gouvernants que les Lumières ont forgé le concept de séparation des pouvoirs. John Locke l'a observé justement : "C'est une expérience éternelle, que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites." Il ne fait pas bon en France incarner une de ces limites. Plus d'un magistrat en France peut en témoigner.

Qui peut encore croire que le juge d'instruction est "l'homme le plus puissant de France" ? Certainement pas vous, Monsieur le président. L'homme le plus puissant de France, c'est vous. Vous avez le pouvoir de faire saisir un tribunal arbitral qui attribue 285 millions d'euros à un de vos soutiens. Vous avez le pouvoir de déguiser une grâce individuelle à un préfet dévoyé en grâce collective.

A de rares exceptions, en matière financière, il n'y a plus que des enquêtes préliminaires, et des dossiers bouclés dorment dans les tiroirs. La liste des enquêtes non effectuées est impressionnante : les soupçons de corruption à l'encontre de Christian Poncelet, ex-président du Sénat ; les flux financiers allégués de Jacques Chirac au Japon ; les fortunes apparemment mal acquises des présidents africains placées en France ; le rôle supposé de la BNP Paribas dans les montages corrupteurs au Congo-Brazzaville et Congo-Kinshasa.

La justice aurait dû enquêter pour crever l'abcès. Elle ne l'a pas fait, laissant se répandre le poison du soupçon et le spectacle de l'impunité. Une justice dépendante, c'est une justice qui n'ouvre pas d'enquête lorsque les faits déplaisent au pouvoir. Rappelez-vous du massacre des Algériens à Paris le 17 octobre 1961. Il n'y eut jamais aucune enquête ! Aucune condamnation ! Parce que le parquet ne le jugea pas opportun.

Est-ce cette face-là de la justice qu'il faut faire ressortir au XXIe siècle ? Le juge d'instruction est le fruit de notre histoire. Il n'existe pas ou a disparu en dehors de nos frontières. Il peut évidemment être supprimé, mais à condition que sa disparition entraîne davantage de démocratie et non davantage d'arbitraire. Peu importe qui mène les enquêtes pourvu que les magistrats soient préservés des pressions ; pourvu que les investigations puissent être conduites, ne soient pas étouffées dans l'oeuf.

Vous voulez confier les enquêtes au parquet ? Cela se peut, mais il faut alors rendre le parquet indépendant de votre pouvoir, ce qui, vous en conviendrez, n'a guère été votre choix. Les contempteurs des juges d'instruction affirment qu'il est impossible d'instruire à charge et à décharge. Si le parquet enquête, il héritera du même dilemme. A moins que vous n'ayez l'intention d'accorder aux avocats un pouvoir d'enquête... Non seulement la justice sera aux ordres, mais elle deviendra inégalitaire, à l'image de la justice américaine.

En somme, vous aurez pris le pire des deux systèmes : l'arbitraire et l'inégalité. Face à un projet qui foule aux pieds l'idéal de 1789 d'égalité des citoyens devant la loi, face à une réforme qui risque de transformer notre pays en République oligarchique, à la solde de quelques-uns, j'appelle les Françaises et les Français épris de justice à la mobilisation contre votre projet.

Le 21 janvier ne sera jamais un jour comme un autre.

Comme chaque année tous les 21 janvier un petit encart était publié dans le journal le Monde ; et comme chaque année le petit texte était le même. Je le relisais avec concentration et interrogation. Il annonçait la réunion dans un restaurant parisien des gardiens de la tradition révolutionnaire qui commémoraient la mort de Louis 16 par décapitation le 21 janvier 1793. Mais cette année il n’y avait rien. Tant pis. Il n’empêche, et comme chaque année je me repose la même question : alors que je suis fondamentalement contre la peine de mort qu’aurais-je fait pris dans la tumulte ? Voter la mort du Roi ? Sans faire de l’anachronisme de mauvais aloi la question mérite d’être posée. Porté par les évènements, je fais parti de ceux qui considèrent que la Révolution Française fait partie d’un tout, on ne peut y prendre les bons moments d’un coté, et les mauvais de l’autre. Elle constitue un bloc dans lequel le cours des évènements a obligé chacun à  prendre un parti. La même question aurait pu se poser à d’autres moments historiques. Dans ces cas, les plus lâches peuvent se transformer en héros ou en bourreaux, et l’inverse. A tout bien considérer on ne pourra donc pas apporter de réponse à la question posée car, justement, on n’est plus dans ce moment si particulier et si paroxystique. Et donc elle ne cessera de se poser chaque 21 janvier.

mensonges ?

Ce soir, entre 20H33 ET 20H35, donc après la fin du journal télévisé sur France 2, deux messages courts sont apparus. L'un sur le voyage et l'autre sur la météo. Et avec eux deux annonceurs publicitaires les sponsorisant : jet tour et darty. Soit en tout quatre  encarts publicitaires en deux minutes, au début et à chaque fin des spots. Or dans le journal juste avant il nous a été raconté que la publicité était auparavant sortie du journal dans les années quatre vingt pour justement permettre l'introduction de la publicité. Donc si l'on comprend bien, à partir de 20H30 il n'y a plus de publicité mais du sponsoring, du partenariat ? Qu'importe les mots. Le résultat est là; on nous prend vraiment pour des gogos !

Pour un nouvel an au premier septembre

Dans les couverts à salade il y a une grande cuillère et une grande fourchette. Ou plutôt deux instruments qui ressemblent de loin par leur forme à une cuillère et une fourchette. Pour autant la cuillère sert à y mettre l'huile et le vinaigre. Mais la fourchette ne sert finalement à rien. Deux cuillères auraient été suffisantes pour servir la salade. Il en ait de même pour le nouvel an. Il ne sert à rien. Noël est suffisamment proche pour fêter un événement, le solstice d'hiver c'est à dire le point le plus bas du soleil dans l'année. Les chrétiens l'ont, fort à propos, excellemment récupéré pour y fêter la naissance de Jésus Christ. D'autre part le début d'année à souvent varier dans l'histoire. Voire à ce propos ma note du 1er juillet 2008. Comme beaucoup de gens, pour moi la nouvelle année devrait commencer au 1er septembre de chaque année. C'est souvent après les vacances d'été que on estime commencer une nouvelle année de travail. En changeant le nouvel an on ne ferait que se mettre au diapason de son horloge biologique. Et on continuerait à accentuer la lente mise en place d'une société de plus en plus sécularisée.