Ce petit livre d'André COMTE-SPONVILLE (abréviation ACS) n'a pas besoin de beaucoup d'explication pour que chacun en saisisse le sens. Le titre à lui seul pose le problème. La réponse de l'auteur est simple : le capitalisme est amoral. Mais pourquoi ?
Vivre en société c'est se poser la question des limites à ses désirs, c'est renoncer au tout est permis. Plutôt que de tout mélanger, de ''mettre la morale à toutes les sauces'', ACS découpe, pour sa démonstration, en ordres limités la vie sociale. Il y distingue l'ordre scientifique (celui de la connaissance), l'ordre politique (celui de l'organisation de la société), l'ordre de la morale (celui des valeurs), enfin l'ordre l'éthique (celui des sentiments). Aucun de ces ordres ne peut recouvrir en totalité l'ensemble des autres. L'ordre technico-scientifique structuré intérieurement par l'opposition du possible et de l'impossible est incapable de de se limiter lui-même (science sans conscience...); il est limité de l'extérieur par l'ordre juridico-politique structuré intérieurement par le légal et l'illégal mais qui est tout aussi incapable de se limiter lui-même (possibilité de lois scélérates); qui aussi est limité lui aussi de l'extérieur par l'ordre de la morale (l'interdit de la bonne conscience mais qui reste souvent personnel donc subjectif) lequel est à son tour complété par l'ordre éthique (l'amour des autres). A cette étape la difficulté est que ''rien ne garantit que ces ordres aillent tous et toujours dans la même direction, soumis qu'ils sont à des principes de structurations interne différents et indépendants des uns et des autres''. En cas de contradiction, comment choisir ? Puis-je être un chercheur scientifique abominable (comme le docteur Mengele) ? Dois-je respecter la loi (en étant moralement un vrai salaud) ? Tout est donc une question de choix individuel. Cette logique de décision ne va pas sans hiérarchie ni renoncements. La solution c'est la responsabilité, c'est à dire d'assumer le pouvoir qui est le sien dans chacun de ces ordres, sans les confondre, sans les réduire tous à un seul, et choisir, au cas par cas, lorsqu'ils entrent en contradiction, auquel de ces quatre ordres, dans telle ou telle situation, vous décidez de vous soumettre en priorité.
En conclusion ACS propose de hiérarchiser ces ordres à partir du primat (le groupe) et de la primauté (l'individu). La hiérarchie ascendante des primautés part du plus bas (l'ordre scientifique) au plus haut (l'éthique). C'est l'ordre du classement de nos sentiments personnels du moins noble (science puis politique) au degré le plus élevé (la morale puis l'amour). Cet ordre est exactement l'inverse de celui des groupes qu'il qualifie d'enchaînement descendant des primats. Bref ce qui vaut le plus pour les individus n'est jamais ce qui est le plus important pour les groupes.
A la lecture de ce livre on peut relire mes notes (les pérégrinations de madame L) sous cet angle du choix personnel et individuel : le médecin de la clinique de M a fait son travail (ordre scientifique) et était dans son droit (ordre légal). Idem pour le film Gone baby gone (mais à chacun de trouver); la même grille d'analyse peut étre déployée.
Je ne suis pas convaincu du tout mais cela permet d'avoir une grille de lecture des évènements. Quitte à ce que je cherche encore les failles de l'analyse dans de prochaines lectures commentées sur ce blog !
Laurent,
mon vieil âge,associé à une large expérience, m'induisent souvent, à partir de la définition d'un mot pour en saisir le(s) sens... alors :
on lit, entre autres approches, que le capitalisme est un système où les biens originels et résiduels principaux n'appartiennent pas à ceux qui les produisent ; en tout cas, c'est ma vision de la définition.
Alors, est-ce normal ?
Tu penses bien que je me risquerai pas à répondre à une telle question, surtout à un moment où, tout un chacun, même à gauche, (si, si) a tendance à se replier sur ses "avoirs" et à "capitaliser" qui, pour sa trop lointaine retraite, qui, au cas où il viendrait à perdre son emploi.
Je connais même, à Viry, des socialistes qui détiennent de larges portefeuilles de titres et, ainsi, arrosent l'arbre soutenant la branche qu'ils font mine de scier !
BREF...
Tu sais que mon travail m'amène à accompagner des entrepreneurs qui créent leur entreprise et, déjà là, je me demande si j'accomplis en les épaulant, une oeuvre salutaire pour l'avenir économique ou si, comme ces socialistes ci-avant évoqués, je ne participe pas, moi aussi, à l'accroissement, meme de façon diffuse, d'un capitalisme de plus en plus sauvage...
Qu'en penses-tu, ô toi,l'ami de toujours ?
Et,n'hésite pas à faire partager mes interrogations à tes bloguistes ; j'aimerais les voir réagir !
Biz et @mitiés,
Did
Rédigé par : DID | samedi 05 janvier 2008 à 16:46