Il est étonnant de voir comment un des enjeux majeurs des élections européennes n'a pas fait l'objet d'un débat sauf dans sa version polémiste et tronquée. Le voici à mon avis personnel :toute la construction européenne s'est faite, depuis son origine, sur la base d'un compromis historique entre les sociaux démocrates et les démocrates chrétiens. C'est un fait avéré et assumé. Or depuis que le libéralisme triomphant a entraîné dans sa pente suicidaire la plupart des partis dits modérés dont les sociaux démocrates, la donne n'est plus la même. A quoi sert-il en effet de faire un compromis entre des gens qui, in fine, et peu ou prou, souhaite conduire des politiques similaires ? Le compromis européen s'est donc soldé par la réduction drastique des écarts idéologiques et conséquemment par l'alignement et le blocage du curseur politique sur sa droite. Aujourd'hui la gauche de la gauche propose de mettre fin à cet état de fait à la simple vue du travail réalisée par la commission sortante. Sanctionner Baroso ? C'est comme si on voulait censurer à l'Assemblée Fillon mais ne rien dire dire sur Kouchner ! La commission est solidaire comme un gouvernement. Ce sont tous les commissaires qui ont approuvé la politique menée par Baroso. C'est la Commission dans son ensemble qui devrait solidairement démissionnée y compris les représentants démocrates sociaux. Cette contradiction portée par le PS jette donc une lueur particulière sur les résultats de dimanche. Le score des socialistes est mauvais. L'électorat du PS a été siphonné massivement. Il n'y a qu'un seul coupable : le PS lui-même. A partir de là il faut se concentrer pour la suite sur l'essentiel. L'Europe, non bien sûr, maintenant tout le monde s'en fiche. Ce sont les objectifs 2010, 2011 et 2012 qui priment. Et la répétition générale qui commencera dès le 1er septembre pour la préparation des élections régionales de 2010 sera à tout point de vue intéressante. Comme le Front de Gauche et les verts vont se consolider il va y avoir un effet d'entraînement certain pour la suite. Pour une seule raison : ils ont moins à perdre électoralement que le PS. Pour faire peur à un socialiste il ne faut pas lui agiter devant le cerveau quelques idées mais plutôt le menacer de lui faire perdre son siège et tout ce qui va avec. C'est la dure réalité d'un parti d'élus. La fragmentation de l'électorat socialiste est donc un risque globalement mais également une chance pour le PS. Les socialistes ont désormais mathématiquement tout à gagner en préconisant, dès maintenant, un nouveau front populaire car ils stoppent une concurrence qui peut s'exacerber à leur encontre. Ils gardent leur positions actuelles, protègent les sortants des partis alliés et peuvent espérer dans une saine compétition face à la droite (pour les cantonales par exemple) reprendre quelques positions car eux seuls encore pour l'instant peuvent être présents presque partout au second tour. Il faut donc un accord général à gauche dès le premier tour avec le plus possible de candidatures uniques. Reconduction des sortants pour les scrutins uninominaux, listes communes aux régionales dès le premier tour sur une base claire. Et en parallèle accélération de la rénovation interne du PS. Mais là malheureusement on n'en est vraiment qu'aux prémices alors que le temps nous est compté.
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