Dans le cadre de la cloture de la semaine de l’égalité le vendredi 4 décembre, le Président du Conseil général de l'Essonne, Michel Berson, a prononcé un discours (rédigé par Mohamed Bouabdallah)dont voici ci-dessous un large extrait et dont, bien sûr, je fais mien.
La France, c’est en effet deux triptyques indissociables. Le 1er triptyque, c’est l’Etat, la Nation, la République. L’Etat, dans le sens large, c’est-à-dire y compris ce qui l’incarne concrètement, quotidiennement, je veux parler des services publics et des collectivités locales. La Nation, non pas, comme certains le croient une sorte de monolithe, qui serait soumis à je ne sais quelle érosion du temps et de l’étranger, mais bien cette lente sédimentation, jamais achevée et donc toujours en devenir, d’histoire(s), de culture(s), de destins unis par ce que Renan appelait le « plébiscite de tous les jours ». La République, enfin, c’est-à-dire l’organisation de notre vie collective autour de la démocratie – le peuple a le dernier mot, l’intérêt général – qui dépasse les intérêts particuliers, la laïcité – sphère publique et sphère privée sont séparées.
Etat, Nation, République : trois mots, trois réalités qu’il ne faut pas opposer – pour moi identité nationale et identité républicaine sont une seule et même chose – mais bien faire coïncider pour réaliser un même projet : celui de notre devise nationale, inscrit au frontispice de nos mairies, de nos écoles, inscrit au plus profond de nos cœurs : Liberté – Egalité – Fraternité.
C’est là le 2ème triptyque qui fonde notre identité républicaine. La liberté, bien sûr, celle sans laquelle il ne peut y avoir de volonté collective car alors ce serait la volonté d’un seul. La fraternité, qui est ce supplément d’âme, ce quelque chose d’indéfinissable qui nous unit dans les moments difficiles – une catastrophe naturelle par exemple – et les moments joyeux – la victoire de notre équipe nationale. Et puis, sorte de pont indispensable entre la liberté et la fraternité, l’égalité. L’égalité, c’est finalement ce qui distingue la France des autres pays. La liberté, la fraternité : la France n’en a pas l’exclusivité. Mais l’égalité a connu dans notre pays un destin particulier. Nulle par ailleurs, l’égalité n’a atteint une telle place dans l’échelle des valeurs collectives. Nulle par ailleurs, on ne rencontre cette volonté aussi profondément ancrée de réaliser l’égalité, pas seulement formelle, politique, mais bien réelle, sociale. C’est la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 où le principe d’égalité est mis sur le même plan que le principe de liberté : « Les hommes naissent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune ». C’est le Préambule de la Constitution de 1946 qui fondera l’Etat providence et les grands services publics garants de l’égalité : « La loi garantit à tous la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs » ou encore « La Nation garantit l’égal accès à l’instruction et à la culture ». Oui, l’égalité est ce qui distingue la France, c’est ce qui permet de l’identifier, c’est ce qui fait – au sens étymologique du terme – son identité.