Plus d'un an après, une analyse des perspectives du monde arabe se révèle nécessaire, tant semble paradoxale la situation actuelle : la démocratie a accouché partout d'un islamisme qui professait hier encore sa détestation de ce type de régime; l'Occident semble avoir disparu d'une région où il était omniprésent, alors que c'est le système qu'il a inventé qui s'impose peu à peu et alors que c'est un grand ami des occidentaux, le Quatar, qui essaie d'imposer sa pax quatari à la région. Quant à l'économie, non seulement elle n'est pas repartie, mais elle semble absente des débats, alors que c'est la situation sociale qui a déclenché les révolutions (...) La crise de l'islam, c'est une crise de transition, parfois douloureuse et complexe, parfois violente, souvent régressive. Mais ce n'est pas une fatalité (...) Beaucoup d'incertitudes donc, un an après le début du printemps arabe. Mais, malgré tout, une conviction : le monde arabe va dans le bon sens. Sa transformation ne fait que commencer.
Hakim El Karaoui; revue Le débat mars-avril 2012.