Ce n'est pas seulement le titre qui attire l'attention. Ni même l'auteur, prix Nobel de littérature en 1921 mais aujourd'hui peu lu ni même connu. Ecrit en 1912 c'est une dénonciation radicale de la Terreur pendant la Révolution et donc du fanatisme. On suit le héros, peintre de métier, Evariste Gamelin qui va devenir juré au tribunal révolutionnaire et ainsi envoyé à l'échafaud hommes, femmes, enfants, vieillards y compris ses propres amis. Anatole France ne nous donne aucune chance. Dès les premières pages on devine que l'enchaînement inéluctable des situations nous conduira à la catastrophe. Avec une grand connaissance de cette période et des protagonistes réels ou imaginaires; à travers des dialogues un peu figés et des paysages urbains ou de campagnes qui n'existent plus, c'est toute l'atmosphère étrange de cette page d'histoire qui nous prend étrangement. Comment ne pas faire le lien avec d'autres périodes. En 1912 on est bien évidemment avant 1917 et une longue période de terreur d'un autre genre. Et ne parlons pas du fanatisme, des exécutions sommaires après des procès expéditifs, de l'atmosphère poisseuse d'une société où la dénonciation aveugle, gratuite et liberticide est la loi commune. Vous me direz qu'on a déjà vu cela. Même aujourd'hui. Et vous aurez raison. Finalement la palingénésie révolutionnaire, quelqu'en soient les protagonistes, les époques ou les bonnes intentions, est un leurre. Du passé ne faisons surtout pas table rase.