Etrange ce château que l'on présente comme un chef d'oeuvre architectural de la Renaissance. Je n'y ai trouvé qu'un escalier à double vis inséré au coeur d'un gros donjon froid et venteux. Le tout engoncé dans une enceinte basse indéfinie qui semble n'avoir jamais trouvé de finition excepté comme une extension de logis sommaire. Le roi François 1er n'y vint que 72 jours en 32 ans de règne. Et les suivants ne firent pas mieux, malgré la peine que se donnent les opuscules officiels pour prouver le contraire. Ce château est mort-né. Il n'a pas trouvé sa voie, royal par obligation mais abandonné immédiatement. Pourtant la légende vertueuse perdure. Tout le monde fait semblant de s'extasier sur le colosse de calcaire si plein soi-disant de grâce et d'équilibre, s'accommodant de cette bâtisse incommode, froide et rendue, hélas, prétentieuse par la vanité de ses commentaires officiels et par le respect dû à ces cadavres de pierre. Pourtant en la déroyalisant et en lui enlevant cette intouchabilité désuète on pourrait lui trouver une sorte de renouveau en lui remplissant les entrailles d'un quelque chose pour lui donner une vocation, et à défaut d'une âme contemporaine, le goût de la vie. De tous les châteaux de la Loire, celui-ci se trouve être le plus mortel. Mais voilà le tuffeau royal n'a vocation qu'à faire perdurer son équivoque nature de château royal ennuyeux. Et le public, ravi, repart avec son rhume et le sentiment rasséréné d'une grande fierté patriotique, car à cette époque là les enfants, on savait quand même recevoir.
Note écrite le dimanche 27 avril à chambord.