Après quelque temps de réflexion et un sentiment de malaise (je ne suis pas convaincu) devant l'analyse d’André COMTE-SPONVILLE (ACS), je reprends mes précédents commentaires pour proposer ma suite toute personnelle de son livre et surtout de sa thèse. Je pars donc de son postulat (que je fais mien faute de mieux) de classement dans un ordre descendant : les sentiments (le plus élevé) dictent les choix moraux qui conditionnent les choix politiques qui (par la loi) s'imposent au monde technico-scientifique (et donc économique).
Dans ce cadre la réponse semble, a priori, relever du bon sens. A partir de nos choix moraux et personnels (que dois-je faire ?) je peux imposer par la loi (expression de la volonté générale) au monde économique (par exemple) tout ce qui semble être de l'intérêt général. Cela me semble de bon sens mais ce n'est pas le cas.
Selon ACS, le Capitalisme est a-moral, les individus décident seuls. Cela voudrait dire que le Capitalisme ne produit pas de sens ni de valeurs, qu’il est intrinsèquement neutre; ce que je ne crois pas. Et que les citoyens, dans leur plus pure individualité (leur libre arbitre), sont responsables de leurs actes. Ce que je ne crois pas totalement non plus.
La lente montée de la modernité occidentale semble même démontrer le contraire. Elle s’est construite sur l’assemblage de trois éléments : la rationalisation, l’individualisation, la spécialisation sociale. Sans eux il n’y aurait pas eu de développement particulier du marché dans sa forme actuelle. En effet, la forme économique que prend toute société humaine dépend de la nature des relations qui se nouent entre chacun de ses membres. Et ces relations sociales sont basées sur un système de valeurs intégrant des croyances et des régulations différentes suivant les époques. C'est l'addition de ces trois éléments (rationalisation, individualisation, différenciation sociale) qui va progressivement desserrer les différentes contraintes (notamment la religion mais aussi le système féodal comme absolutiste), qui enchassaient la société. Le Capitalisme est donc peut-être théoriquement a-moral mais en pratique son développement incroyable n'a pu s'effectuer qu'à partir du moment où un certain nombre de contraintes ont été levées.
Ceci sera l’objet d’une prochaine note.
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