Blog de Laurent Combaud

Kant de Luc Ferry

Après avoir consacré l'année 2008 à la découverte et à la lecture de Nietszche, l'année 2009 sera consacrée également à un autre monstre de la philosophie moderne. L'édition du Kant de Luc Ferry se décompose en fait en deux supports. Le premier a été un livre paru en 2006. Celui-là, il est encore sur ma table de chevet. Et puis à partir du livre, Luc ferry a enregistré aux éditions Frémault et associés, quatre disques résumant d'une manière fort didactique les trois oeuvres principales du grand philosophe (les trois critiques). Je les ai écoutés trois fois, dont une en prenant des notes dans un carnet. J'ai renoncé à les retranscrire ici. Mises bout à bout elles n'ont pas d'intérêts propres. Par contre en les relisant on mesure non seulement l'apport du grand philosophe, la rupture qu'il orchestre avec tout ce qui avait été fait auparavant mais surtout, surtout, il ouvre la voie à ce qui me parait primordial : l'envie d'aller plus loin dans son oeuvre en s'attaquant d'abord au livre que Luc ferry a écrit un Kant puis ensuite à l'oeuvre elle-même. Ensuite en cherchant ce que d'autres philosophes ont pu ensuite dire et écrire à partir de son oeuvre. Un programme de travail personnel qui ne devrait pas tenir en une seule année !

Tradition

La Tradition, ce n'est pas veiller des cendres, mais entretenir un brasier

 Jean Jaurès

Un été ardent

Les romans d'Andréa Camilleri font parti de ceux (des rares auteurs) que je n'emprunte jamais à la bibliothèque. Je ne peux pas attendre tellement le plaisir de la lecture immédiate l'emporte sur l'attente sage. C'est impossible. La vie dans cette Sicile populaire, le vocabulaire imagé et les personnages attachants y sont pour beaucoup. Pourtant cette nouvelle édition des aventures du commissaire Montalbano m'a laissé sur ma faim. Non seulement parce qu'on devine la fin de l'histoire mais qui finalement n'est que secondaire mais plus encore parce que cette fois-ci le commissaire est tombé dans le piège logique que lui tendait l'auteur : celui de la lucidité.

Heures supplémentaires : il faut arrêter les frais

Au moment où la crise provoque une vive remontée du chômage, en particulier chez les jeunes, il faut revenir sur les exonérations sociales et fiscales accordées aux heures supplémentaires. En effet, dans le contexte actuel, l’emploi doit être la priorité absolue de l’action des pouvoirs publics. Or, les exonérations fiscales et sociales décidées en 2007 ne visaient qu’à accroître le nombre des heures supplémentaires effectuées par les salariés déjà en activité. Et, en dépit de la récession, le nombre des heures supplémentaires déclarées a en effet progressé de près de 40 millions entre le quatrième trimestre de 2007 et la même période de 2008, soit l’équivalent de 90 000 emplois à plein temps. Ces mesures contribuent donc manifestement à dissuader les entreprises qui en auraient la possibilité d’embaucher des jeunes ou des chômeurs alors que les quelques trois à quatre milliards d’euros qui leur ont été consacrés en 2008 pourraient avantageusement être mis au service de la création d’emplois. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement et au parlement d’abroger sans délai les mesures défiscalisant les heures supplémentaires et les exonérant de cotisations sociales.

Retour à l'esprit républicain ?

  Il ne doit y avoir aucune limite préétablie à l'action publique et collective dans les domaines économiques et sociaux. La seule limite acceptable réside dans l'efficacité au regard des objectifs politiques fixés démocratiquement.

Alain Bergounioux, Dominique de Combles de Nayves, Michel Destot, Alain Richard, Bernard Soulage, Catherine Tasca dans Libération le 10 mars 2009. 

La baisse de la TVA est-elle utile ?

Il semble que la commission européenne et le conseil aient enfin accepté d'autoriser une baisse de la TVA dans la restauration. Cette demande ancienne n'avait jusqu'alors jamais pu aboutir. La profession avait annoncé que cette baisse susciterait la création d'environ 40 à 50 000 emplois supplémentaires. Faisons donc un calcul simple. Le manque à gagner pour l'Etat si la TVA passait à 5,5% serait de 3,25 milliards d'euros (Le Monde du 12 mars 2009). Comme un emploi aujourd'hui coûte environ 25 000 euros par an, la création nette d'emplois, et à condition que cette baisse soit intégralement réservée à de nouvelles embauches, pourrait être donc de 130 000 emplois. Au moment même où le chômage remonte faut-il que l'Etat, pour satisfaire une corporation particulière, sacrifie la création de près de 100 000 emplois ? Je ne le crois pas.

Anthropocène

Nouvelle ère géologique, marquée par l'émergence de l'activité humaine comme élément déterminant de l'évolution du système terrestre.

Les différences anthropologiques

Le livre d'Emmanuel Todd a fait grand bruit à sa sortie. D'abord par le ton violent et agressif contre les dirigeants, y compris les oppositions, de ce pays et en particulier le Président de la République. Ensuite par ses propositions et en particulier celle concernant la nécessaire obligation de mettre en place un protectionnisme au niveau européen : le but du protectionnisme n'est pas fondamentalement de repousser les importations venues des pays situés à l'extérieur de la préférence communautaire mais de créer une remontée des salaires (...) La hausse des revenus implique une relance par la demande intérieure européenne conduisant elle-même à une relance des importations. On est effectivement loin de l'impasse économique débat lequel les opposants à cette nécessité voudraient le réduire. Cette proposition relève presque aujourd'hui du bon sens. Au sein du PS Benoit Hamon l'a reprise avant de ce faire reprendre lui-même par la direction actuelle. Pourtant c'est évidement une piste à creuser.

Mais en plus de ce débat, ce qui m'a le plus intéressé sont les analyses d'E Todd sur l'anthropologie et notamment familiale. Il est là dans son domaine. Dans les chapitres 4 et 5 plus particulièrement, il aborde le rôle de l'alphabétisation et de son rapport à la démocratie, puis évoque brièvement et synthétiquement le rôle des traditions familiales dont leurs rapports à l'égalité et à l'autorité en Europe notamment. Un livre instructif.

Les trois tiers

En 2006 les entreprises ont réalisé 137 milliards d'euros de bénéfices avant impôts pour 2260 milliards de chiffre d'affaires soit 6%. Après impôts il leur est resté 95 milliards d'euros à répartir. Là-dessus 71 milliards sont partis aux actionnaires (75% du total), 15 milliards aux salariés sous la forme d'intéressement et de participation (16%) et il n'est resté que 9 milliards soit 9% du total pour financer le développement des entreprises.

Alternatives économiques mars 2009

Cotisations sociales

Entre 1988 et 2007, la richesse par habitant a augmenté de 33 % (statistique de l’Insee disponible sur Internet et facilement vérifiable). Pendant la même période, le  pouvoir d’achat du salaire net moyen n’a augmenté que de 11,6 %, alors que les revenus des actionnaires (3) ont augmenté de 332%. Si l’on appliquait aux entreprises d’aujourd’hui le taux de cotisations sociales de 1988, on dégagerait près de 20 milliards d’euros de ressources supplémentaires pour la sécurité sociale, de quoi combler largement le célèbre «trou de la sécu» !

 

Paul Quilés dans Libération