Blog de Laurent Combaud

Découvrir la philosophie antique

La philosophie antique n'est pas pour moi une découverte surtout après mes commentaires respectueux, sur ce même blog, d'un livre de Pierre Hadot (27 juin 2008) et la lecture de Cicéron ou Epicure. C'est grâce à Michel Onfray qui, à travers ses cours, a attiré mon attention sur Pierre Hadot et son remarquable ouvrage intitulé : qu'est-ce que la philosophie antique ? que je me suis mis à lire, à nouveau, les auteurs antiques. En parallèle ma fille, élève de terminale L, a eu comme professeur de philosophie Cyril Morana auteur avec Eric Oudin de cet ouvrage. Je peux être critique sur l'Education Nationale mais je peux reconnaître qu'individuellement des professeurs (et certainement plus que je le vois) sont capables non seulement de transmettre des savoirs mais en plus prennent du temps, bien au delà de leurs obligations légales, pour encourager et soutenir leurs élèves. Cyril Morana en fait parti. Ce livre n'est pas à proprement parlé un livre scolaire. Il est à l'usage de ceux et celles qui souhaitent aborder une étape de l'histoire de la philosophie. Celle des débuts à partir de laquelle toute la philosophie occidentale va éclore. Les chapitres sont courts et synthétiques (à part celui sur Aristote de plus de 30 pages) et le livre se termine sur Saint Augustin. J'ai aimé plus particulièrement le chapitre sur Plotin que j'ai découvert au delà de son nom. Et bien sûr j'ai pris quelques citations qui viendront illustrer mon blog de temps en temps. Maintenant il ne reste plus à ces deux auteurs qu'à continuer et à nous faire remonter le cours du temps !

Mattéo

A la guerre il faut croire que Dieu ne se tient pas mieux qu'un autre...

Jean-Pierre Gibrat : Mattéo, première époque (1914-1915)

Perte de sens

Résumons : croire que les technologies pourront résoudre le problème écologique, c'est vouloir perpétuer un mode de vie dont l'accumulation des biens de consommation est la justification essentielle et rejeter sur les générations futures la décision inévitable d'arrêter la croissance des émissions de gaz à effet de serre, dans des conditions encore plus dégradées qu'aujourd'hui. A l'inverse, refuser de considérer que les techniques constituent LA solution implique de vouloir transformer la société dans ses fondements comme dans ses objectifs.

Hervé KEMPF dans Pour sauver la planète, sortez du capitalisme; Le seuil 2008

Un été ardent

Les romans d'Andréa Camilleri font parti de ceux (des rares auteurs) que je n'emprunte jamais à la bibliothèque. Je ne peux pas attendre tellement le plaisir de la lecture immédiate l'emporte sur l'attente sage. C'est impossible. La vie dans cette Sicile populaire, le vocabulaire imagé et les personnages attachants y sont pour beaucoup. Pourtant cette nouvelle édition des aventures du commissaire Montalbano m'a laissé sur ma faim. Non seulement parce qu'on devine la fin de l'histoire mais qui finalement n'est que secondaire mais plus encore parce que cette fois-ci le commissaire est tombé dans le piège logique que lui tendait l'auteur : celui de la lucidité.

Les différences anthropologiques

Le livre d'Emmanuel Todd a fait grand bruit à sa sortie. D'abord par le ton violent et agressif contre les dirigeants, y compris les oppositions, de ce pays et en particulier le Président de la République. Ensuite par ses propositions et en particulier celle concernant la nécessaire obligation de mettre en place un protectionnisme au niveau européen : le but du protectionnisme n'est pas fondamentalement de repousser les importations venues des pays situés à l'extérieur de la préférence communautaire mais de créer une remontée des salaires (...) La hausse des revenus implique une relance par la demande intérieure européenne conduisant elle-même à une relance des importations. On est effectivement loin de l'impasse économique débat lequel les opposants à cette nécessité voudraient le réduire. Cette proposition relève presque aujourd'hui du bon sens. Au sein du PS Benoit Hamon l'a reprise avant de ce faire reprendre lui-même par la direction actuelle. Pourtant c'est évidement une piste à creuser.

Mais en plus de ce débat, ce qui m'a le plus intéressé sont les analyses d'E Todd sur l'anthropologie et notamment familiale. Il est là dans son domaine. Dans les chapitres 4 et 5 plus particulièrement, il aborde le rôle de l'alphabétisation et de son rapport à la démocratie, puis évoque brièvement et synthétiquement le rôle des traditions familiales dont leurs rapports à l'égalité et à l'autorité en Europe notamment. Un livre instructif.

L'homme en perspective

Les peintres italiens du Trecento et du Quatrocento montrent un homme qui prend progressivement possession de son espace et de son corps : l'idée de liberté est figurée dans les images avant d'être pensée (...). Pour plusieurs siècles, la liberté humaine est une notion fondamentale de la société européenne, mais il faudra attendre longtemps avant que ne se formule ce qui était interrogation implicite dès l'origine : que faire dès que l'on est "condamné à la liberté" ?

Daniel Arasse, L'homme en perspective (les primitifs d'italie), édition Hazan.

On n'y voit rien

Dans ce livre de descriptions de tableaux, Daniel Arasse (DA) tente de nous surprendre par la forme aussi bien que par le ton. Le nombre de descriptions est limité à quelques tableaux : Mars et Vénus surpris par Vulcain du Tintoret, l'annonciation  de Cossa, l'Adoration des Rois Mages de Brueghel, la Vénus d'Urbin de Titien, Les Ménines de Vélasquez. La toison de Madeleine est une description sans tableau sans intérêt pour moi. Si DA met en pratique la formule "serio ludere" (jouer sérieusement), j’avoue n’avoir pas été sous le charme. Contrairement à son ‘’Histoire de peinture’’, ce livre tant sur la forme que sur le style m’a déçu. La forme des dialogues comme des provocations nuisent à la démonstration, comme si l’auteur se donnait un rôle faussement sérieux : je le dis mais par provocation donc c’est vrai mais sans trop l’être. Comme si l’auteur voulait se garder une marge de manœuvre pour, au cas ou, se retirer prudemment.  Je souligne cet aspect, contrairement d’ailleurs à toutes les critiques dithyrambiques trouvées sur le net. Je recommande cependant au moins la lecture des textes sur le Tintoret, Cossa, Titien et Brueghel qui, à mon modeste goût, nous en apprend beaucoup sur l’histoire passionnante de la fabrication de ces tableaux. Mais il s’agit bien là d’interprétations et plus particulièrement d’interprétations iconographiques produites à partir de recherches historiques. Par exemple : que fait cet escargot au bas du tableau de l’annonciation de Cossa, pourquoi le dernier des rois mages (Gaspard) devient-il subitement noir dans la peinture de Brueghel (et pas que de lui), pourquoi le tableau de Titien sur Vénus est-il architecturalement incohérent ? Toutes ces questions nous renvoient à l’histoire politique, religieuse, aux mœurs et aux techniques picturales et architecturales des époques concernées. A travers un tableau on peut y lire beaucoup de choses.

Histoires de peintures

L'auteur était chroniqueur à France Culture. Ce livre posthume est écrit en de cours chapitres qui racontent des ''histoires de peintures'' dans une langue simple en utilisant des expressions abordables pour tous ceux et celles qui regardent les peintures mais sans forcément les comprendre. De plus ce livre de poche comporte dans son édition présente des pages intérieures avec les tableaux en couleur décrits par Daniel Arasse. Chacune de ces peintures a une ou plusieurs histoires à raconter. Même si on les a oublié depuis si longtemps. Il faut lire ce livre où j'ai appris que la naissance de la perspective a été également une histoire politique et pas seulement une invention technique. Et puis déambuler dans la galerie des Offices (aux vacances d'été 2007) le livre à la main où l'on voit, in situ, les oeuvres dans leur contexte, est un certain plaisir jubilatoire. Mais pas pour mes enfants qui après deux heures d'attente et mes lectures commentées, n'en peuvent plus. Le tout au milieu d'une foule bigarrée qui passent rapidement. C'est peut-être la limite de l'exercice.

Partialité

Disons que l'objectivité est une vertu, d'ailleurs très difficile à pratiquer. Il faut se défaire de la partialité du moi individuel et passionné pour se hausser à l'universalité du moi rationnel. J'ai toujours pensé aussi que l'exercice de la politique démocratique, tel qu'il devrait être pratiqué, devait correspondre, lui aussi, à cette attitude. Le détachement de soi est une attitude morale qu'on devrait exiger du politique comme du savant.

Pierre Hadot (La philosophie comme manière de vivre)

La mesure du temps

Le 4 aout 1564, Charles IX décide de faire commencer l'année au 1er janvier contre le 1er avril précédemment.

En 1582, le pape Grégoire XIII institue le calendrier actuel, à la place du calendrier romain. En effet, Jules César, en 46 avant JC, avait fixé l'année légale à 365 jours et 6 heures, soit 11 minutes de trop, soit un jour tous les 130 ans. Au XVIème siècle, on était arrivé à 10 jours de retard sur les mouvements de la lune et du soleil. Le pape décida donc de passer directement du 4 novembre 1582 au 15 novembre.

Lu dans : Montaigne, découvertes Gallimard